La com' des abeilles : de vraies pipelettes
Le 20 mai, c’est la journée mondiale des abeilles. L’occasion de se pencher sur leur système de communication. Si elles ne sont pas aussi bavardes que les hommes, elles savent se faire entendre et passer des messages pour vivre et travailler en harmonie.
80 000. C’est la population moyenne d’un nid d’abeilles en été. A l’intérieur de cette entreprise géante (en comparaison, Google compte 95 000 employés à temps plein), ces dernières collaborent sans se marcher sur les pieds et sans faux pas pour la fabrication du miel. Comment ? Notamment grâce à leur communication bien rodée. Si ces insectes sociaux ne parlent pas au sens strict du terme, ils ont mis en place un système de communication non-verbale composé de trois natures : chimique, physique et symbolique.

Les différentes formes de com' des abeilles
Les phéromones : mieux qu'un SMS
Les abeilles émettent des phéromones (c’est-à-dire des molécules) pour donner des informations à leurs congénères. Yves Le Conte, directeur de recherche à l'INRAE (Institut national de la recherche agronomique), en a fait son objet d'études pendant des années : « Il y a deux types de phéromones. La phéromone incitatrice permet un changement de comportement. Si j’aperçois par exemple un danger alors que je surveille l’entrée de la ruche, mes phéromones vont alerter les ouvrières pour qu’elles viennent m’aider à défendre le nid. Quant aux phéromones modificatrices, elles peuvent modifier profondément la physiologie des abeilles. Une larve affamée peut ainsi stimuler la « lactation » d’une abeille nourrice pour avoir à manger. »
La danse des abeilles
Autre manière de communiquer : la danse avec notamment la fameuse « danse en 8 ». Cette dernière a été décrite pour la première fois par l’éthologue Karl von Frisch qui évoque pour la première fois un « langage des abeilles ». A travers une chorégraphie précise, une abeille butineuse va indiquer exactement aux autres la position d’un champ de fleurs à butiner, la distance qui les sépare et la nature précise du nectar à récupérer. Mieux qu’un GPS !

La télépathie par les antennes
Enfin, la dernière forme de communication connue des abeilles est les signaux émis notamment lors d’un contact antennes/antennes. Citons le signal du secouage : une abeille va en voir une autre pour la réveiller et l’inciter à « écouter » ce qu’elle a à dire. Quant au signal d’interruption, c’est un peu le « tais-toi » des butineuses. Une abeille émet un petit bip à l’attention d’une autre pour la faire taire.
Les abeilles, aussi pipelettes que les hommes ?
Si vous avez suivi en cours de philo, vous vous souvenez peut-être de votre prof expliquant que « l’homme est un animal social, comme les fourmis, mais il est le seul à maîtriser une forme de langage complexe ». Pas tout à fait vrai : « Les abeilles n’ont pas notre degré de langage mais elles ont un langage plus évolué qu’on ne le pense. Rien que pour les phéromones, les messages sont très complexes. Une molécule pourrait représenter un mot et un bouquet de molécules une phrase. Et c’est pareil pour les danses », explique Yves Le Conte.