La com' autour du bac 2020

La com' autour du bac 2020

A situation exceptionnelle, bac exceptionnel ! Contrôle continu, oral de français maintenu, réouverture des écoles le 11 mai... Comment le gouvernement transmet toutes ces informations ? On est allés à la rencontre de lycéens, de professeurs et de journalistes pour comprendre leur manière de s'informer. Témoignages.

Jeanne, lycéenne

Je passe le bac mais je ne sais pas vraiment comment ça va se passer puisqu'on nous annonce un contrôle continu. En fait, mon bac, je l'ai peut-être déjà passé, si on y réfléchit bien. Je sais à peu près la moyenne que je vais avoir mais il reste encore des zones d'ombres.

Les professeurs nous envoient en gros ce que le gouvernement leur envoie, c'est-à-dire les messages officiels. Mais nous n'avons pas d'informations plus personnelles. Si on est inquiets, on peut poser des questions, envoyer des mails aux professeurs, faire des visio-conférences. Mais eux, ils ne vont pas venir d'eux-mêmes nous parler de ça.

De mon côté, ça me rassure de chercher des informations, savoir comment ça va se passer concrètement et dans le détail. C'est pour ça que je m'informe par mes propres moyens sur Internet et notamment dans les médias spécialisés qui sont des sources sûres.


Chloë, lycéenne

En termes de com', on est un peu perdus. Par exemple, comment vont-ils harmoniser les notes entre un lycée sévère et un lycée moins sévère ? Et les profs n’en savent pas plus que nous parce qu’il n’y a pas beaucoup d’infos qui passent. Dès qu'on aborde des questions spécifiques avec notre professeur principal, il nous répond qu'il doit se renseigner. Ce qui n'est pas simple avec ce confinement, c'est qu'on doit attendre d'avoir nos cours en visio-conférence pour pouvoir échanger. Mais ils font avec ce qu’ils peuvent et on ne peut pas cracher sur eux.

De notre côté, on glane des infos un peu partout : à la télé, à la radio, sur les réseaux sociaux. je regarde des interviews filmées de Jean-Michel Blanquer où il répond à des questions posées par des élèves. Je me dis que si ce sont des questions que les autres se posent, c'est que cela me concerne aussi.

Julie, journaliste à Studyrama

On voit bien que les lycéens viennent vers les médias spécialisés parce qu'ils se sentent délaissés. Notre rôle est de répondre aux mieux à leurs questions qui sont très précises, tout en sachant qu'on n'a pas forcément plus d'informations. Dès le début du confinement, on s'est posé pour réfléchir à ce que l'on pouvait faire et comment les informer de manière la plus efficace possible. On n'a par exemple mis en place une vidéo quotidienne, la FAQ du jour. Dans celle-ci, on fait intervenir à chaque fois des experts, des conseillers d’orientation, des professeurs sur UNE question. J’ai invité les internautes à en poser d’autres sur les groupes Facebook, sur Instagram, sur Twitter.

Le problème, c'est qu'on n'a pas forcément plus d'informations qu'eux. On reçoit des communiqués de presse précis, mais ils sont trop rares à mon goût. Alors on guette la moindre intervention audiovisuelle du ministre pour décrypter les annonces. C’est là qu'on sent à sa façon d’être, à la tête qu’il fait s’il croit en ce qu’il dit, s'il est hésitant ou non. On est vraiment à flux tendu et à la recherche de la moindre information, que ce soit 3-4 mots en plus, une formulation différente. Ca tombe au compte-gouttes.

On essaie d'avoir des informations ailleurs en contactant les rectorats, les académies, les professeurs. Mais ils n'ont pas forcément envie de parler parce que finalement eux aussi sont mal informés et ils ne veulent pas dire de bêtises. C'est difficile de tirer le vrai du faux.

Thibaut, journaliste à L’Étudiant

Quand on appelle le ministère pour avoir plus de précisions, on nous répond qu'ils ne savent pas. Jean-Michel Blanquer passe son temps à dire qu'il nous informera dans une quinzaine de jours. Dans cette situation, c’est compliqué d’avoir des éléments vraiment clairs et précis de la part des autorités.

C'est pour ça qu'on cherche des informations sur le terrain, c’est-à-dire qu’on va appeler des profs, des proviseurs, des élèves. Là, on sait ce qu’il se passe parce qu’ils nous racontent ce qu’ils vivent, leur quotidien... Souvent ce que nous disent les profs, c’est qu’ils apprennent les directives du ministère via la presse. C'est problématique car ils ne peuvent pas anticiper leur travail correctement.

Notre rôle en tant que journalistes est d'expliquer ce qui se passe et ce qui va se passer même si ce n'est pas facile. On est surtout là pour dédramatiser. On vit un moment historique mais il faut se dire que c'est seulement deux mois dans une vie. Le bac, c'est très stressant et important pour un lycéen mais ils se rendront compte dans quelques années qu'il n'a pas tant d'impact que ça dans une vie. Ils sont déçus. Nous aussi, à la rédaction, on est déçus. Mais il ne faut pas oublier la suite. C'est pourquoi on conseille aux jeunes de se préparer à la rentrée pour ne pas être perdus pour l'année prochaine.

Guillaume, professeur en sciences physiques

On est informés au même titre que n’importe quel citoyen. Cela traduit l’absence totale d’une quelconque concertation. On décrète des choses et après à nous de nous débrouiller pour les mettre en œuvre.

Un exemple flagrant : celui de la fermeture des établissements. Jean-Michel Blanquer maintenait encore 4 heures avant l’allocution du Président de la République le 12 mars qu’il n’avait jamais été envisagé de fermer les écoles. Par conséquent, on a été pris au dépourvu. par prudence, on avait un peu anticipé mais ce n'était pas du tout institutionnalisé. Résultat : les outils informatiques n'ont pas tenu le choc dès le premier jour.

Rappelons que les professeurs sont en ligne directe avec les élèves. Il faut qu'on puisse leur apporter des solutions concernant la tenue des cours et les modalités du bac pendant le confinement. Il serait donc plus judicieux de nous consulter d'abord avant de prendre des décisions et nous mettre devant le fait accompli.

Jean-Jacques Sarfati, professeur de philosophie

Le monde de l’éducation a un système de transmission des informations très hiérarchisé : le ministre envoie ses infos via les recteurs qui les transmettent aux chefs d’établissement qui les communiquent aux enseignants. Aujourd’hui, on les reçoit au fur et à mesure et on doit aussi faire des pronostics sur ce qui nous attend pour anticiper la gestion de nos cours et pour accompagner aux mieux nos Terminales dans ces dernières semaines particulières avant leurs résultats du bac.

D'ailleurs, laissons-les en paix ! Il y a beaucoup de chamboulement pour eux. Ils sont jeunes et découvrent les difficultés de travailler depuis chez soi, de trouver un rythme et un cadre. Cela crée du stress, de l'inquiétude et de la fatigue. Il faut qu’ils récupèrent, qu’ils se reposent parce qu’ils vont reprendre progressivement les cours et ils ne savent pas encore ce qui les attend à la rentrée de septembre. Il vaudrait mieux se concentrer sur les 10 % qui ont des difficultés et les 10 % qui ont besoin d'apprendre et qui veulent aller plus loin.

Suivez les hashtags associés à cet article
#P'HUSH UP
#Coronavirus