Comment bien communiquer quand on porte le masque ?

Comment bien communiquer quand on porte le masque ?

Qu’il soit en papier, en tissu, blanc ou coloré, le masque n’a pas été conçu pour faciliter la communication.

Les conseils pour mieux se faire comprendre quand on est masqué de Stephen Bunard, expert en communication non-verbale et auteur du livre « Vos gestes disent tout haut ce que vous pensez tout bas ».

En quoi le masque rend la communication difficile ?

Parce qu’on ne voit pas la bouche. Or la bouche, c’est le premier point des non-dits. C’est comme si je vous disais un mot sur deux. On ne capte plus un essentiel de la communication. On accorde beaucoup d’importance aux yeux comme étant le miroir de l’âme pourtant on a une plus grande capacité à décoder ce qui se passe à travers la bouche qu’à travers les yeux. Si quelqu’un par exemple retient des choses, il fait une bouche en huître. Avec un pincement de lèvres, il nous fait comprendre que la personne ne nous dit pas tout, qu’elle n’est pas forcément d’accord. De plus, la bouche est présente dans toutes les émotions primaires : le dégout avec le phénomène de lèvres de chien qu’on retrouve chez Sarkozy, l’agressivité, la désapprobation, le sourire, etc.

Comment compenser ce manque de communication non-verbale ?

A part la bouche, on peut distinguer trois autres éléments :

  1. Les sourcils, qui sont les bras du visage. On s’attarde souvent sur les yeux mais il faudrait plutôt regarder ce que disent les sourcils : est-ce que je suis surpris ? Est-ce que j’attire l’attention sur quelque chose. Ça, c’est fort !

  2. Les axes de la tête. Quand on parle, on n’a jamais la tête toute droite. Quand je penche un peu la tête, je suis détendu. Quand je regarde avec mon hémisphère droit, je montre la partie gauche de mon visage et crée inconsciemment du lien. Il existe une théorie des axes de tête qui nous renseigne sur nos dispositions mentales de base et notre état relationnel avec l’autre. Il faudrait que les gens soient un peu plus conscients de ça.

  3. La gestualité. En collant le pouce et l’index, je suis dans la précision. En me grattant la tête, je réfléchis. Si je suis gêné, je vais me toucher le nez, etc.

Est-ce que ça peut aussi modifier notre façon de parler ?

La transformation vers la verbalité va être plus lente. Le manquement étant non verbal, ça va d’abord passer par une accentuation consciente ou non de notre non-verbalité. Il y aura sûrement un impact sur le verbal dans la direction d’une exégèse de son propos (« oui, là je plaisante ») ou alors vers un souci de détails plus grand de ses émotions. Mais ça, ça reste à voir...

Le masque peut aussi en dire long sur nous...

Il est en effet porteur de sens. Porter un masque signifie que j’ai pris conscience de quelque chose d’important : je signale que je respecte des consignes, que je respecte l’autre. Je peux aussi personnaliser mon masque. A l’inverse, l’absence de masque peut signifier de choses sur ma volonté de rester libre, de ne pas me dissimuler. Il y a une façon de communiquer par le masque en lui-même.

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