Pourquoi le confinement a-t-il perturbé la chronologie des médias ?

Pourquoi le confinement a-t-il perturbé la chronologie des médias ?

Trop bien : "1917" et d'autres films tout juste sortis au cinéma sont déjà disponibles sur Internet ! C'est une situation exceptionnelle, autorisée seulement pendant la fermeture des salles noires. Après la crise, la chronologie des médias devraient reprendre ses droits, mais, espérons-le, avec des modifications pour être plus adaptée à notre nouvelle consommation des films. Explications de Pascal Lechevallier (What's Hot Media) et Pascal Rogard (SACD).

Pendant le confinement, les cinéphiles ont été agréablement surpris de pouvoir regarder sur les plateformes de VOD des films tout juste sortis au cinéma comme 1917, Invisible Man ou encore Dark Waters. Comment ça se fait ? Pour pallier à la fermeture des salles noires, le Centre national du cinéma (CNC) a promulgué une dérogation exceptionnelle en période de crise sanitaire. Cette dernière permet aux films en exploitation et ceux dont la sortie est prévue entre mars et la réouverture des lieux culturels d’être diffusés sur les services de vidéos à la demande. Une véritable aubaine pour les internautes ! Mais pourquoi n’est-ce pas possible le reste de l’année ? A cause de la chronologie des médias. Il s’agit d’une réglementation française qui impose aux films sortis sur les grands écrans un calendrier strict de diffusion sur les autres supports (DVD, puis VOD, puis TV puis SVOD).

La chronologie des médias remise en question

Cette situation a notamment permis aux détracteurs de la chronologie des médias d’appuyer leur argumentation : le temps d’attente entre la diffusion en salle et celle sur les autres supports est beaucoup trop longue. « La chronologie des médias est ringarde et non adaptée au mode de consommation moderne. Imposer ce rythme de sortie ne correspond plus aux attentes et aux besoins du public », estime Pascal Lechevallier, fondateur de What’s Hot Media. Pour Pascal Rogard, président de la SACD, cette crise est l’opportunité de « revoir les choses de façon assez importante ».

Ce dernier ne comprend pas pourquoi aujourd’hui les services de VOD de Canal + et OCS continuent à avoir des privilèges concernant la diffusion des films. Ces derniers participant financièrement à la production cinématographique française peuvent exploiter les œuvres quelques mois après leur sortie en salle contre 18 mois pour les plateformes comme Amazon Video, Netflix et Disney +. « J’ai une amie qui a fait un film sorti au cinéma. Il n’a pas été pris ni par Canal + ni par OCS. Elle a dû attendre 18 mois pour pouvoir être sur Netflix. Ce n’est pas normal d’empêcher un auteur de diffuser son film sur une plateforme alors qu’il a été refusé par ceux qui sont protégés. »

Pour Pascal Lechevallier, le problème va encore plus loin :

« On a déjà des signaux douloureux de la part des exploitants américain. On parle de faillites de réseaux de salles à cause du confinement. On peut penser que Netflix, renforcé par la crise, puisse signer des accords de distribution avec certaines salles : la plateforme leur donne les droits de ses propres films pendant 15 jours et les exploite ensuite très rapidement sur son propre réseau. »
Pascal Lechevallier, fondateur de What's Hot Media

Quoi qu’il en soit, avec les événements actuels, la chronologie des médias ne pourra pas rester inchangée. Des débats devraient d’ailleurs être entamés entre les différents acteurs du cinéma français et européens pour moderniser la réglementation. Affaire à suivre.

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