FL'HUSH NEWS spécial com' politique de crise
La 4e allocution d'Emmanuel Macron, le volte-face de Boris Johnson, la franchise d'Angela Merkel. A chaque politique sa personnalité et sa façon d'aborder la crise. On décrypte dans ce FL'HUSH NEWS la com' de crise des politiques dans le monde.
Décryptage du discours d'Emmanuel Macron du 13 avril
Lundi 13 avril, Emmanuel Macron s’est adressé pour la 4e fois aux Français depuis le début de l’épidémie. Décryptage de son allocution. On l’attendait sur deux choses : le changement de ton et des décisions concrètes.
Pour ce qui est du changement de ton, c’est réussi !
Exit Emmanuel Macron, le chef des Armées. On découvre un président empathique. Il parle de deuil, de souffrance et pas une seule fois il ne sort son mythique : “nous sommes en guerre”. Au contraire, il utilise le vocabulaire de l’espoir : "l'espoir renaît" deux fois, "grâce à nos efforts", "ils ont tenu", "le résultat est là", "le début d'une nouvelle étape".
Le Président essaie de rassurer et se montrer plus humain. Et il fait même son mea culpa, admettant des failles et des ratés. Mais Emmanuel Macron peut-il changer ? Il avait déjà fait ce discours après la crise des gilets jaunes. Résultats : quelques mois plus tard, la réforme des retraites provoquait la plus longue grève de l’histoire...
Et concernant les réponses concrètes ?
Des zones de flou restent encore : sur les aides aux entreprises, le déconfinement progressif ou encore le positionnement du gouvernement sur la chloroquine. 30 minutes de prise de parole pour si peu d'informations ? Le Président aime les longues allocutions mais quelques minutes avec des données précises et concises auraient pu suffire. Et si son objectif était de souder la nation, il aurait pu prendre exemple sur les 4 minutes du discours de la Reine d’Angleterre.

Caricature du discours d'E. Macron du 13 avril : Perrico
La com' de crise politique à l'étranger
Il y a d’un côté, ceux qui se croient plus forts que la crise : Donald Trump et Boris Johnson étaient les premiers à se moquer du danger. Une fois qu’ils ont découvert la gravité de la situation, chacun sa réaction :
Le Président américain adopte la politique de l’autruche. Face à la presse, il élude certaines questions au profit de la grandeur de son pays. Certains médias refusent de diffuser ses conférences car trop de propagande. Et pour cacher son manque d’actions, il accuse l’OMS d’être responsable de la situation. Un pour tous, tous pour lui !
The Coronavirus is very much under control in the USA. We are in contact with everyone and all relevant countries. CDC & World Health have been working hard and very smart. Stock Market starting to look very good to me!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) February 24, 2020
En Angleterre, Boris Johnson a fait volteface dès l’explosion du nombre de décès dans son pays. Il s’est d’autant plus assagi après avoir été lui-même soigné du coronavirus. Une sagesse à l’image de la Reine d’Angleterre qui s’est exprimée pour la 4ème fois seulement durant son règne pour révéler le caractère historique de la situation.
En Italie, le ministre Giuseppe Conte a d’abord rejeté la faute sur la mauvaise gestion d’un seul hôpital avant de prendre de la hauteur et se montrer responsable. Aujourd’hui, il apparaît dans ses allocutions plus expressif, rassurant, lucide et rigoureux.
En Inde, le premier ministre a fait appel à la magie du chiffre 9, comme le rapportent nos confrères du Monde : au 9e jour du confinement, à 9h, il s’est exprimé en demandant d’éteindre les lumières et d’allumer des bougies pendant 9 minutes. Et le rationnel dans tout ça ?
Zoom sur la politique en Corée du Sud
En Corée du Sud, le Président a axé sa communication sur ses entretiens téléphoniques avec une vingtaine de chefs d’Etat sur la réponse à apporter à l’épidémie. Il a présenté cette crise comme une opportunité économique pour le pays. Résultat ? Il a réussi à redonner confiance dans sa politique et a remporté haut la main les législatives.
Non, ce n'est pas une partie de Wii sport... mais les résultats des législatives en Corée du Sud justement. Les annonces ont été diffusées sur l’une des chaînes principales du pays SBS News. Rien à voir avec nos résultats à nous. Là-bas, ça se fait à grand renfort d'effets spéciaux et on n’a pas peur de mettre en scène les nouveaux députés. Une autre culture !

Si la politique paraît super cool là-bas, il ne faut pas se fier aux apparences. Depuis plusieurs années les sud-coréens sont très méfiants vis-à-vis de la sphère politique secouée par de nombreux scandales et des théories du complots. La communication y est très délicate. C’est une histoire intéressante qu’on abordera un autre jour.