Mali : le coronavirus au second plan
Depuis deux semaines, le Mali est touché par l’épidémie du coronavirus et il doit faire face au manque de moyens et de prise de conscience de la population face à la gravité de la situation.
« L’Etat n’arrive pas à mettre des moyens conséquents pour faire face à cette pandémie et les mesures prises sont vraiment insuffisantes », explique Malick Konaté, journaliste à l’AFP, que nous avons contacté par téléphone. Depuis deux semaines, le reporter observe l’épidémie du coronavirus gagner le Mali et ses 20 millions d’habitants. Le gouvernement tient un point presse chaque matin pour faire état de la situation dans le pays, mais les chiffres officiels semblent bien loin de la réalité quand on connaît la pauvreté du pays et notamment la vétusté des infrastructures.

Les mesures appliquées au Mali pour lutter contre le Covid-19
Le gouvernement malien tente toutefois de maintenir l’activité du pays malgré le scénario catastrophe auquel il pourrait être confronté dans les jours à venir. Le confinement de la population n’est pas encore de rigueur et serait compliqué à mettre en place voire quasiment impossible : dans les bidonvilles, par exemple, les habitants vivent, mangent et dorment dans une très grande promiscuité.
Le 26 mars, le Président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a annoncé la fermeture terrestre et aérienne de ses frontières. Il a également mis en place un couvre-feu nocturne, de 21h à 5h du matin et il a demandé à ce que tous les employés des services publics travaillent de 7h30 à 14h sans pause. Mais depuis la mise en place de ce dispositif, certains ne prennent pas en compte ces interdits. « Hier encore, j’ai un ami qui a quitté la Guinée pour rentrer au Mali », confie Malick. Il faut dire que la communication des autorités n’est pas très claire auprès de la population qui était appelée à voter aux élections législatives le dimanche 29 mars malgré les risques de contamination. Les Maliens ont préféré les boycotter.
« Le coût d’une opération d’élections sécurisées aurait pu être utilisé dans la lutte contre le virus. Le coût d’une seule journée d’élection couvrirait les frais de plusieurs hôpitaux »
— Daraja Haidara (@DarajaHaidara) March 29, 2020
Dixit Dr @HamadounToure_
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Coronavirus : les difficultés pour sensibiliser les populations
Le Mali est confronté depuis 2012 à des insurrections djihadistes et à des violences intercommunautaires avec des milliers de mort chaque année. Cela a un impact sur les élections. « Par exemple au sud, c’est la menace du coronavirus, au centre et dans le nord, c’est la menace djihadiste, c’est l’insécurité », détaille Malick. Le peuple est toujours en mouvement dans le pays pour fuir l’ennemi. Dans ce contexte très instable, les Maliens ont du mal à se rendre compte de la gravité du coronavirus. « C’est ça le problème, d’autres refusent même de reconnaître que cette pandémie existe vraiment », nous explique le reporter de l’AFP. Comme lui, les médias sont devenus les porte-paroles des autorités sanitaires.

Cette sensibilisation ne doit pas s’arrêter aux frontières du Mali, ni même de l’Afrique. L’Occident doit rapidement faire preuve de solidarité pour aider le continent africain à combattre l’épidémie et participer au soutien de son économie, tant d’un point de vue matériel que financier. Selon l’ONU, 3 000 milliards de dollars seraient nécessaires. Sans ces actions, la maladie pourrait refaire surface.