Melvak : l'art de rendre l'océan captivant
A l'occasion de la journée mondiale de l'océan, Simon Rondeau (alias Melvak), vidéaste vulgarisateur de l'océan et ses habitants, nous explique pourquoi il est difficile de communiquer autour de la mer et ses enjeux.
La journée mondiale des océans, c'est important pour toi ?
C’est vraiment une très bonne chose parce que cela permet de rassembler durant 24h et sur un même lieu tous les acteurs du monde marin qui s'impliquent dans sa sauvegarde. C'est un gros coup de com' et une mise en lumière de tout ce qui se passe et se fait dans ce secteur (aquariums, musées, associations).
Selon toi, on ne parle pas assez des océans ?
Je ne pense pas ou en tout cas on parle toujours des mêmes sujets : le plastique ou les changements climatiques qui perturbent les récifs coralliens. Il y en a plein d'autres comme le développement de zones hypoxiques, c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’oxygène dans l’eau donc tout est mort ou encore l’eutrophisation, c'est-à-dire la forte croissance d'algues vertes (comme en Bretagne) à cause des rejets dans l'océan. Actuellement, des villes versent de l'eau oxygénée sur les plages pour les désinfecter sans se rendre compte de l'adhérence écologique !
Pourquoi est-ce important d'en parler ?
Parce que l’océan n’est pas juste une grande pataugeoire dans laquelle il y a des animaux mignons. C’est un écosystème à part entière qui nous permet de bénéficier de nombreux avantages comme la nourriture. Mais ça concerne aussi le climat et tout simplement la sauvegarde de notre patrimoine planétaire. En conséquence, il faut le protéger mais il est mis à mal à peu près partout.
Pourquoi c'est compliqué d’intéresser les gens à l'océan ?
Tout le monde n’a pas la chance d’aller à la mer, de se promener sur une plage. Je pense qu’il y a un souci de parler de quelque chose de tangible. Quelqu'un qui a passé son enfance va se sentir beaucoup plus impliqué aux problématiques de l'océan qu'une personne qui y est allé deux ou trois fois. Il y a un enjeu de sensibilisation et de faire redécouvrir cet écosystème à travers de nouvelles manières. Les vidéo YouTube s’inscrivent totalement dans cette thématique car c’est une opportunité de sensibiliser un jeune public et d’une manière très efficace.
Justement, comment fais-tu pour intéresser ta communauté ?
Sur ma chaîne YouTube, j’essaie quand des sujets sont un peu durs et complexes d’amener le public avec des amorces, par exemple à travers la présentation d’un animal un peu étrange, la présentation de quelque chose qui peut être joli ou drôle. Par exemple, des dauphins bioluminescents en Californie. C’est l’occasion de montrer des dauphins qui brillent la nuit mais surtout d’expliquer d’où vient cette lumière. L’idée, c’est de sensibiliser sur des problématiques complexes mais en utilisant des méthodes de com’ qui parlent à tout le monde. Il ne faut pas tomber non plus dans le catastrophisme, dire que tout est fini. Je pense qu’il faut essayer de rendre le déprimant captivant.
Comment ne pas tomber dans le putaclic dans ce cas ?
Il y a une différence entre aguicheur et putaclic. Dans le putaclic, il y a une notion de mensonge sur le contenu qu'on propose. Quand on est aguicheur, on va juste travailler son sujet pour le rendre intéressant. Quand je fais une vidéo qui s’appelle « Peut-on prédire les cyclones avec des coquillages ? », c’est un titre qui est très aguicheur mais en même temps c’est le fond du propos de la vidéo. Aujourd’hui en matière de communication, 50 % du travail d’une vidéo va, à mon sens, porter sur la communication au niveau du titre et de la miniature, parce qu’aujourd’hui sur YouTube c’est ce qui fait tout. C’est un très long travail.