Les oubliés de la com' : les infirmiers dans le privé

Les oubliés de la com' : les infirmiers dans le privé

Pendant la phase de confinement à cause du Covid-19, HUSH lance la websérie confinée « les oubliés de la com’ ». Nous allons à la rencontre de profils qui font peu ou pas l’actualité pour comprendre leur nouveau quotidien et l'importance accrue de la communication. Zoom sur les infirmiers dans le secteur privé.

En pleine période d'épidémie, les infirmiers sont sur le front pour lutter contre la maladie. Tous ? Non. Les infirmiers dans le privé se tiennent prêts pour rentrer à leur tour dans la bataille. La mobilisation de ce personnel de réserve se fait cependant au cas par cas, en fonction des zones géographiques les plus touchées. En Île-de-France et région lyonnaise par exemple, public et privé travaillent déjà main dans la main depuis une paire de semaines.

Ce n'est pas le cas pour toutes les cliniques privées. Certaines sont à l’arrêt depuis le début du confinement en attendant d'être à leur tour sollicitées. L'attente est cependant dure à accepter pour le personnel soignant qui se sent impuissant pendant que leurs homologues croulent sous les urgences.

« On a un planning réduit avec seulement 4 infirmières. On fait des postes de 12 heures mais au lieu de travailler trois jours par semaine, on n’en fait juste un voire aucun. On est infirmières, on voit que la situation en France n’est pas facile partout et on reste pourtant enfermées chez nous à ne pas pouvoir aider, ni faire notre métier. Je n’en dors pas la nuit, je ne mange pas. Quand j’entends les applaudissements à 20 heures, je me sens honteuse parce que j’ai l’impression de ne servir à rien et de ne pas les mériter.  »
Sandrine*, infirmière dans le privé

Pourquoi les cliniques privées sont-elles à l’arrêt ?

Si la vague d’épidémie n’est pas arrivée dans toutes les régions, toutes les cliniques privées ont déprogrammé les opérations non-urgentes afin de se tenir prêtent en cas d’arrivée massive de malades. La sollicitation du privé se fait en effet en fonction de l’actualité de la pandémie et peut arriver d’un jour à l’autre. C’est pourquoi, dans l’établissement de Sandrine, il n’y a presque plus de patients. La clinique a fermé 14 de ses 18 salles d’opération et mis la majorité de son personnel au chômage partiel. Ils ont toutefois créé au cas où une salle de réanimation à la place d’une salle de réveil.

« Cette salle de réanimation devait servir à accueillir les patients non atteints par le coronavirus des hôpitaux alentours afin de leur libérer de la place et permettre de regrouper les malades atteints par le virus. Le problème est qu’il y a plusieurs niveaux pour les établissements de santé pour recevoir les patients et comme nous sommes en fin de liste, nous ne recevons personne.  »
Sandrine*, infirmière dans le privé

La situation ne devrait pas durer selon Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée. Il faut attendre parfois plusieurs jours ou semaines entre la déprogrammation des opérations et le moment où les premiers patients arrivent. Pour la jeune femme qui souhaite restée anonyme car « il y a toujours cette loi de l’Omerta qui nous empêche de raconter ce qu’il se passe ici », le partenariat public/privé n’est pas respecté : « Je suis persuadée que c’est pour des raisons économiques. Si c’est n’est pas ça alors c’est pire que ce l’on pense. »

Que font les infirmiers du privé en attendant ?

Pour le personnel soignant à l’arrêt, c’est un coup dur de ne pouvoir s’investir dans cette crise. « Que ce soit dans le public ou dans le privé, on a tous choisi ce métier pour travailler avec l’humain. La solidarité et l’empathie sont des valeurs qui sont importantes pour nous. Avec mes collègues, on est nombreux à envisager de changer de métier parce que se battre n’a jusqu’à présent rien donner et ça ne servirait à rien », estime Sandrine qui aimerait pouvoir faire quelque chose au même titre que les autres. Sans attache particulière, elle a décidé d’apporter son aide dans une maison de retraite en Alsace où elle avait déjà travaillé. Cependant, malgré les besoins évidents dans la région, sa proposition n’a pas été acceptée tout de suite.

« Ils sont à la recherche dans cette maison de retraite d’un infirmier à mi-temps. Pourtant, ils ont refusé de m’embaucher au départ car avec les décès, ils n’ont plus les moyens financiers. Les infirmiers qui travaillent là-bas n’ont pas compris leur refus car ils sont à bout et ont du mal à supporter la pression. Finalement, j’ai été prise en tant qu’aide-soignante pour quelques jours. Je vais perdre en salaire mais je vais enfin me sentir utile et pouvoir leur apporter toute mon énergie. Ça fait 3 semaines que je ne travaille pas. Je suis pleine d’ondes positives pour leur remonter le moral. »
Sandrine*, infirmière dans le privé

*Le prénom de l'infirmière a été modifié.

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