Les oubliés de la com' : caissiers
Pendant la phase de confinement à cause du Covid-19, HUSH lance la websérie confinée « les oubliés de la com’ ». Nous allons à la rencontre de profils qui font peu ou pas l’actualité pour comprendre leur nouveau quotidien et l'importance accrue de la communication. Zoom sur les hôtesses de caisse.
Menace de droit de retrait. Parmi les 150 000 employés de caisse que compte la France, certains considèrent ne pas disposer de moyens suffisants pour travailler dans des conditions optimales face à la contamination du coronavirus. « La semaine dernière, en fin de journée, on voyait les postillons sur le film plastique, et c’est vrai que c’est impressionnant », s’exclame Jeanne, caissière à Univers Primeurs à Conflans Sainte Honorine (Yvelines). elle est déjà tombée deux fois malade en février : « On sent qu’on est bien exposées à la maladie. » Et elle n’est pas la seule à craindre pour sa santé.
Lundi 30 mars, les salariés du Carrefour de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) ont utilisé leur droit de retrait, à la suite de l’hospitalisation d’un de leurs collègues atteint du Covid-19 et dans un état critique. Le 27 mars, ils apprenaient le décès d’une des leurs du Carrefour de Saint Denis.
Les syndicats appellent les caissières à revendiquer leur droit de retrait
Les patrons voient bien monter en puissance ce cri d’alerte. Sans leurs caissières, leurs commerces fermeraient. Ils multiplient donc les dispositifs pour les protéger au mieux. Dans le magasin de Jeanne, ce sont des vitres en plexiglas avec des fenêtres sur le côté qui ont été installées sur les caisses, une manière d’éloigner les clients. « Nos patrons sont quand même très paternalistes, c’était sûr qu’ils allaient nous protéger de tout ça », remercie-t-elle.
Mais ce dispositif rassurant n’est pas mis en place dans tous les magasins. Face à ce manque de protection, les syndicats, comme la CFDT ou Alliance, appellent chaque jour un peu plus les salariés de la distribution à se manifester et à faire valoir leurs revendications. La CGT Commerce, de son côté, a déposé plainte en début de semaine contre la ministre du Travail Muriel Pénicaud devant la Cour de justice. Elle n’aurait, selon le syndicat, « jamais entendu intervenir avec son administration de manière efficace pour que la santé et la sécurité des salariés soit assurée ».
Les caissières appellent au soutien face au coronavirus
Les caissières souhaiteraient être un peu plus entendues : « Ça serait bien qu’on soit plus montrés, qu’on montre que nous aussi on prend des risques », confie Jeanne. Leur professionnalisme est infaillible, malgré les inquiétudes et le sentiment d’isolement, mais il est peu relayé dans la presse, comme d'autres professions dont nous dressons les portraits dans « Les oubliés de la com' ». L’enjeu majeur pour les médias est de rapporter les bonnes et mauvaises nouvelles de l’épidémie, multipliant les interviews avec les médecins et les infirmières au cœur de l’action.
Alors qu’en est-il pour les caissières ? « On se sent oubliés mais il y en a quand même qui nous remercient en passage aux caisses, et ça, ça nous fait chaud au cœur. » Les clients ont pour la plupart conscience des risques qu’elles prennent en acceptant de venir tous les jours scanner les produits des caddies remplis.
Covid-19 : des mesures de sécurité pas toujours appliquées
Il y a des exceptions qui confirment la règle. « Ce week-end, j’ai du faire le flic pour dire de respecter le marquage au sol. Il y en a qui se collent », rappelle Jeanne. D’autres ont décidé de faire de leurs achats leur activité journalière, les personnes âgées notamment. « Il y en a qui viennent tous les jours pour acheter deux pommes et une banane, comme d’habitude. Je trouve ça dingue ! » Ces récalcitrants au confinement ont aussi pris le prétexte de la course pour rester en lien avec les autres, et chercher une écoute qu’ils ont plus de mal à avoir auprès de leur famille en retrait physiquement pour éviter la contamination.