Les oubliés de la com’ : les livreurs

Les oubliés de la com’ : les livreurs

Pendant la phase de confinement à cause du Covid-19, HUSH lance la websérie confinée « les oubliés de la com’ ». Nous allons à la rencontre de professionnels et de profils qui font peu ou pas l’actualité pour comprendre leur nouveau quotidien et le rôle accru de la communication dans leur métier. Zoom sur les livreurs indépendants.

Alors que la France compte 2,2 millions de chômeurs partiels, certaines professions sont intimées par le gouvernement de continuer à exercer. C’est le cas pour les livreurs indépendants qui travaillent pour les plateformes de repas en livraison (Uber eats ou encore Deliveroo). Le maintien de leur activité permet ainsi aux restaurateurs de ne pas fermer complètement.

La livraison pour un Kinder Bueno vaut-elle le coup ?

Mais à quel prix ? Les livreurs s’insurgent contre le danger qu’ils prennent pour livrer « de la nourriture récréactive, comme des pizzas et des Kinder Bueno » selon Jérôme Pimot, le co-fondateur du Collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP). A chaque livraison, ils ont une multitude de points de contact avec les objets qui sont autant de risques d’être infecté par le virus :

« Quand on rentre dans un immeuble, on appuie sur un digicode, on pousse une porte. Ensuite on appuie sur l’interphone, on pousse la porte du SAS, on appuie sur le bouton de l’ascenseur. On refait tout ça aussi en descendant et en sortant de l’immeuble. Sur un seul client, c’est une dizaine de risques.  »
Jérôme Pimot, co-fondateur du CLAP

La livraison sans contact peu voire pas respectée

Des mesures de précaution sont pourtant prises par les plateformes qui ont un envoyé un guide de bonnes pratiques sanitaires, calqué sur celui communiqué par le ministère de la Santé. Ce dernier préconise une livraison sans contact, que ce soit à la réception du repas chez le restaurateur aussi bien qu’au dépôt du colis chez le client. Cependant, tout le monde ne respecte pas les consignes comme le prouve la vidéo publiée par le YouTubeur PikaShoute. Et si le livreur prend toutes les précautions, le client peut lui aussi être en danger :

« Il manque quelque chose dans ce guide qui est fondamental, c’est qu’on ne demande à aucun moment que le client se lave les mains entre le moment où il prend la commande et le moment où il la mange. »
Jérôme Pimot, co-fondateur du CLAP

Pourquoi les livreurs travaillent-ils en période de confinement ?

Pour deux raisons :

  1. l’activité des coursiers n’a pas été suspendue par le gouvernement ;

  2. les livreurs sont des travailleurs indépendants et ne peuvent pas bénéficier du chômage partiel. La plupart des livreurs, dont il s’agit de l’activité principale, ne peuvent donc pas arrêter de travailler pour pouvoir continuer à gagner un peu d’argent et donc à vivre.

« On a regardé un peu les conditions pour toucher une aide de l’Etat ou avoir une indemnisation de la part des plateformes. Pour ces dernières, on ne peut être indemnisé pendant 14 jours que si l’on est atteint par le coronavirus. Concernant l’Etat, il semblerait que des aides soient possible à condition de répondre à certains critères. Mais pour l’instant il n’y a pas de formulaire en ligne et pas plus de renseignements que ça.  »
Dorian Chupin, co-fondateur du Syndicat des coursiers autonomes de Loire-Atlantique (SCALA)

Coronavirus : une aubaine pour les plateformes ?

Ce qui insurge le plus Jérôme Pimot, c’est surtout que les plateformes profitent de la situation pour faire passer des nouvelles mesures ni vues, ni connues.

« Deliveroo se sert du confinement pour mettre en place une mesure qui est la plus combattue par les livreurs : le free-shift qui permet à tout le monde de travailler en même temps. Mais, comme on ne peut pas se rassembler, on ne pourra pas faire de manifestations et donc ça va passer comme ça. C’est assez abject.  »
Jérôme Pimot, co-fondateur du CLAP
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