Polar Bear : un street artist en colère contre la pub dans les rues
Depuis une dizaine d'années, la publicité empreinte les codes du street art pour communiquer. Nous avons rencontré le street artist Polar Bear, en colère contre l'association de ces deux mondes.
« Il y a plein de marques qui ont récupéré les codes du street art pour faire de la pub. C’est peut-être pour ça que je n’aime pas la pub », s’énerve Polar Bear, un street artist indépendant. A son grand dam, la publicité s’invite dans la rue. C’est ce qu’on appelle le street marketing. Les marques profitent ainsi des avantages du street art pour communiquer que sont la créativité, l’animation du mobilier urbain ou encore l’éphémérité. Ces similitudes déplaisent à de nombreux street artists. Selon Polar Bear, « la majorité des streets artists ne vendent rien si ce n’est des idées, du rêve, une ouverture d’esprit. C’est à 150 millions d’années lumière de ce que vend la publicité. »
« La pub est tellement cloisonnée pour te faire dépenser »
A l’origine, le street marketing est né d’une démarche des petites marques. Pour prendre le contrepied des canaux publicitaires traditionnels très coûteux et monopolisés par les grandes entreprises, elles ont décidé de se tourner vers la rue, une communication plus rebelle, avec du relief. Cette méthode permet, à l’instar du street art, de diffuser directement des messages à un large public en le surprenant dans sa vie quotidienne.
Une démarche commerciale qui ne plaît pas toujours aux street artist refusant que leurs idéologies soient assimilées aux démarches commerciales de la publicité. « La pub est tellement cloisonnée dans une manière de faire pour te faire dépenser, simplement avec ta carte bleue », tempête Polar Bear. Selon lui, la société actuelle se résume en deux mots, « publicité et consommation ». Il souhaiterait que le street art puisse occuper « tous les supports de la pub pour donner une autre vision du monde ».
« J’accepte de collaborer sous certaines conditions »
Malgré cette révolte contre le merchandising, des streets artists acceptent de collaborer avec des marques : Michael EDERY a ainsi customisé des sneakers d’Adidas, Stephen Sprouse et Takashi Murakami ont signé une série de foulards haut de gamme de la marque Louis Vuitton. Pour Polar Bear, c’est sous certaines conditions. « J’ai dit oui à deux marques de t-shirts parce qu’une partie des revenus était envoyée à des associations humanitaires. C’est ma condition sinequanone pour travailler avec une marque. Il faut qu’il y ait un retour », explique-t-il. Il choisit donc ses collaborations avec minutie : le Secours Populaire, l’association Art'Murs, et d’autres en lien avec des mairies et des collectivités qui promeuvent le street art.
Quoi qu’il en soit, selon lui, le street art ne pourra jamais être « standardisé », contrairement à la publicité. « Cette petite zone de liberté, c’est primordial. Je ne vois aucune raison pour laquelle elle s’arrêterait. Le street art ne pourra jamais rentrer dans des carcans où il n’y aurait que des autorisations de la mairie pour travailler. Il y aura toujours un côté rebelle. Je fais ce que je veux, je vous emmerde, je fais du street art ».