Rencontre avec Poundo Gomis, une chanteuse décomplexée et engagée
4 min
Rencontre Poundo Gomis chanteuse décomplexée engagée
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Rencontre avec Poundo Gomis, une chanteuse décomplexée et engagée
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Rencontre avec Poundo Gomis, une chanteuse décomplexée et engagée

Couteau suisse. C'est le surnom que lui prêtent ses amis. Poundo Gomis est danseuse, compositrice, créatrice et journaliste de mode... Mais aujourd'hui c'est en tant que chanteuse qu'elle se met sur le devant de la scène avec la sortie depuis quelques semaines du 2ème clip de son EP, "We are more". Une manière pour elle d'asseoir son identité culturelle et artistique.

Quel est ton message dans tes chansons ?

J’ai d’abord commencé avec le thème de l’identité parce que j’ai moi-même une double voire triple culture : j’ai grandi en France et je suis d’origine guinéenne et sénégalaise. C’est déjà un sacré bordel. J’ai aussi eu un choc identitaire quand j’ai commencé à voyager et à m’installer à l’étranger. J’ai vécu à Londres et à New-York. A mon arrivée, les gens me disaient : « Mais tu n’es pas Française ? » Comment ça, je ne suis pas Française ? Je suis née en France, j’y ai grandi et j’ai une éducation française. Il fallait qu’ils me mettent dans une case et ça me dérangeait beaucoup. C’est à ce moment-là que j’ai voulu renouer avec mes origines, notamment en réalisant un de mes clips à Dakar, terre de mes ancêtres. Je me suis rendu compte de l’importance de savoir d’où l’on vient pour savoir qui l’on est. Je suis donc fière de dire que je suis française, sénégalaise, guinéenne et un peu new-Yorkaise dans l’âme. Je pense qu’il y a là un message universel à faire passer pour ne pas rester sans voix devant des raccourcis comme « Ah, elle est africaine... », et qui ne permettent pas d’avancer.

Que penses-tu des réseaux sociaux ?

Je pense que les réseaux sociaux sont indispensables. On est obligés de les utiliser pour communiquer. C’est un job à plein temps parce qu’il faut constamment les alimenter, s’informer sur les nouveautés et publier ses actualités artistiques.  C’est être visible partout, tout le temps et ça passe par une présence sur toutes les plateformes existantes comme Instagram, Snapchat, YouTube, TikTok ou encore Facebook. J’aime cette frénésie et à la fois ça me déplait parce que ça signifie qu’on doit justifier tous les jours sa légitimité à être une artiste. C’est dire « je suis là, j’existe encore, je travaille, je suis pertinente, je fais ci et ça ». A l’époque, les artistes n’avaient pas à être aussi présents pour promouvoir leurs chansons. Ils préparaient leur musique en se concentrant sur leur création artistique et ça n’est que lorsque la chanson était prête à sortir dans les bacs qu’ils s’occupaient de la promo et des retombées. Aujourd’hui, être chanteur, c’est se promouvoir dès qu’on a l’idée de se lancer dans le projet et ne jamais s’arrêter. C’est ça la réalité du métier.

T'es-tu créé un personnage de chanteuse ?

Il faut se différencier des autres mais il ne faut pas faire l'erreur de se créer un personnage avec un costume que l’on met et qui, aux yeux des gens, va sonner faux. C’est important de rester soi pour espérer exister dans la durée. Par exemple, j’arbore fièrement depuis 4 ans une pointe sur la tête. Ce n’est pas ma coiffure de scène en tant que chanteuse. C’est un choix personnel et assumé, une coiffure ancestrale que j’avais découverte sur des photos vintage en ligne. C’est pareil au niveau de mon look vestimentaire : on pourrait penser que c’est un costume alors que c’est ma façon de m’habiller tous les jours. D’ailleurs, je ne passe pas inaperçue quand je vais au Franprix en bas de chez moi. Comme je dis tout le temps en rigolant, je n’arrive pas en mode Deliveroo à Franprix, ni quand je prends le métro ou que je suis en studio pour enregistrer ou que je fais une interview . Un de mes mantra est « Dress for the job you want ».

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