Sexisme, clitoris et Simone Veil : Julia Pietri explique les symboles du féminisme

Sexisme, clitoris et Simone Veil : Julia Pietri explique les symboles du féminisme

Des clitoris en pendentif, des femmes seins nus dans les rues, des # pleins les réseaux sociaux. Pour comprendre la manière de communiquer des féministes, nous avons posé 5 cartes/questions à Julia Pietri, fondatrice du compte Instagram @GangduClito. (Clique sur la photo ☝️ pour voir la vidéo)

Pourquoi tu es féministe ?

C’est une question qu’on me pose souvent. On me dit que l’égalité homme-femme est acquise mais non ! Il reste un sexisme ordinaire qui est partout et dont on ne se rend même pas compte. Par exemple, la nuit ne nous appartient pas encore, à nous, les femmes. On ne peut pas sortir librement : si on se fait violer, on nous dit que c’est notre faute. On n’avait qu’à pas sortir la nuit… Pour revenir à la notion d’égalité, pour moi, elle ne dépend pas de ton genre mais plutôt des stéréotypes de genre. On ne devrait pas être conditionnés à faire quelque chose par rapport à notre naissance. Etre féministe, ce n’est pas être contre les hommes mais contre le sexisme.

Quel est ton objectif en créant le compte Instagram @Gangduclito ?

J’ai ouvert ce compte en parallèle de la publication de mon premier livre, Le petit guide de la masturbation féminine, pour revaloriser la sexualité féminine. Une sorte d’émancipation des femmes par leur sexe. Je suis partie du constat qu’on ne sait finalement pas grand-chose sur le clitoris. C’est vrai pour moi mais aussi pour tout le monde, toutes les générations, même les médecins. Mon but avec ce compte, c’est de vulgariser l’information à tout le monde, parce qu’à la base le féminisme est réservé aux initiées, aux intellectuelles. Pour ça, j’essaie de capter l’attention en utilisant la pop culture, pour que les gens fassent le lien avec ce qu’ils connaissent au quotidien. J’essaie aussi de faire du contenu de qualité, qu’on ne trouve pas ailleurs, avec des vignettes très colorées. C’est du easy learning : court, impactant et instructif.  

Il y a quelques années, tu as placardé dans la rue des affiches de clitoris dorés. Pourquoi faire ?

L’idée était de se réapproprier la rue et de revaloriser le clitoris dans l’espace public. On a collé des affiches de clitoris violets, rose, fluos avec des petites phrases rigolotes comme « It’s not a legend » ou « It’s not a ghost ». Le but était d’interroger les gens : si ce n’est pas un fantôme, alors c’est quoi ? C’était important pour moi d’afficher des clitoris dans la rue, pour les banaliser. On voit souvent des bites dessinées sur les murs. Pourquoi pas des clitoris ? Il ne faut pas en avoir honte et il ne faut pas non plus que ce soit un simple logo. C’est comme si tu es écolo mais que tu continues à faire tes courses avec des sacs en plastique. Ça n’a pas trop de sens.

En quoi Simone Veil est une figure de proue du féminisme pour toi ?

Elle incarne tout : la résistance, l’amour, la liberté, le militantisme… Juive déportée pendant la guerre, elle a réussi à prôner la paix, la grande Europe, malgré un traumatisme terrible. Il faut vraiment avoir du clito pour affronter tout ça ! Ce qui est intéressant, c’est qu’elle rassemble tout le monde, comme on a pu le voir à son entrée au Panthéon.

Que penses-tu des Femen ?

Je suis assez fière de ce qu’elles font. Aujourd’hui, quelqu’un qui ne connait pas le féminisme connait les Femen. Pourquoi ? Parce qu’elles ont utilisé leur corps comme une arme de revendication. C’est à ce moment-là qu’elles ont fait peur. Pourtant, elles ne faisaient rien à part brandir des affiches, les seins nues, en criant des slogans. C’était vécu comme une armée dangereuse de femmes violentes et radicales… Mais la violence, ce n’est pas ça. La violence, elle est partout dans le machisme, dans le patriarcat mais pas du tout chez ces femmes qui revendiquent juste des valeurs indéniablement justes.

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