Que signifie le silence de Justin Trudeau ?

Que signifie le silence de Justin Trudeau ?

21 secondes. C’est la durée du silence de Justin Trudeau, Premier ministre canadien, quand un journaliste lui pose une question sur le fait que Donald Trump menace d’envoyer l’armée pour mater les manifestations antiracistes. Décryptage de la communication non-verbale de ce si long silence avec Stephen Bunard.

En conférence de presse avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau, la question était presque inévitable : que pense-t-il de la réaction du président américain face aux manifestations antiracistes ? Voilà un sujet délicat, car si Justin Trudeau ne cautionne pas ce qu’il se passe de l’autre côté de la frontière, il ne peut pas se permettre de se mettre à dos Donald Trump. Surtout à quelques jours de l’entrée en vigueur d’un nouvel accord de libre-échange Canada/Etats-Unis/Mexique (l’ACEUM). Le canadien nous avait habitué à des réponses rapides, tournant autour du pot, sans ne jamais véritablement répondre à la question. Cette fois-ci, il s’est plutôt donné le temps de la réflexion en marquant un silence de plus de 20 secondes entrecoupé de soupir. Un temps mort qui a fait paradoxalement beaucoup parler.

« Si les gestes en disent long, parfois les silences valent mille gestes. »

Ce silence était-il calculé ? C’est ce que pensent certains, comme l’homme politique Yves-François Blanchet. Pour lui, il s’agit d’une stratégie de communication bien huilée : « Il s’agissait de laisser entendre qu’il était très réticent à dire ce qu’il pensait pour de vrai. » Stephen Bunard, notre expert en communication non-verbale n’est pas d’accord : « on voit bien que toutes ses mimiques montrent au contraire qu’il a envie de parler, sauf qu’il essaie d’être dans les mots les plus justes possibles. »

Ce dernier découpe en trois phases l’analyse de la gestuelle du Premier ministre :

  1. l’état de stress symbolisé par la langue sortie, « une petite langue de tension » et les mouvements d’épaules pour avoir une respiration profonde.

  2. La recherche des bons mots à travers « son regard qui part vers le bas et la bouche qui se tord »

  3. La recherche de stabilité de son corps au moment de parler « où il cherche à se cadrer psychologiquement. »

Notons enfin que pendant sa réponse, il évite de citer le président américain et dévie rapidement sur la situation dans son propre pays.

« Nous avons tous vu avec horreur et consternation ce qui se passe aux États-Unis. C'est le moment de rassembler les gens. C’est le moment d’écouter, d’apprendre. Quand les injustices continuent malgré les progrès au fil des années et des décennies... Mais il est temps pour nous, Canadiens, de reconnaître que nous aussi, nous avons nos défis.  »
Justin Trudeau, Premier ministre canadien
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