
Le Mouvement : Rencontre de street artists sous un parapluie
Alors que les street artists investissent la rue pour diffuser leurs messages, certains ont décidé de faire participer les passants à la réalisation de leurs œuvres. Rencontre avec le collectif Le Mouvement.
Rendez-vous devant la fontaine Stravinsky, en face du centre Georges Pompidou à Paris. Une joyeuse bande d’acolytes se retrouve. Riks, Tiez, Victoire, Charles, Jo, Taymme. Ils sont avocat, médecin, cadre, architecte ou encore graphiste... mais surtout ils se sont réunis dans un collectif de street art créé en 2013 : Le Mouvement. Aujourd'hui, il compte une cinquantaine d'artistes. Leur créneau ? Véhiculer des messages mis en scène dans les rues avec comme œuvre emblématique : le parapluie.
Le street art, ça signifie quoi ?
Charles - C’est à la fois un art et un média. C’est un moyen d’expression totalement libre, qui n’est attaché à aucun pouvoir financier et politique et qui est dépourvu, à l’origine, d’une quête de notoriété. La preuve, la plupart des street artists oeuvrent de manière anonyme comme Banksy ou JR.
Victoire - C’est aussi la possibilité de pouvoir toucher un large public de tout horizon, contrairement aux musées et aux galeries dont les œuvres restent accessibles à une certaine population.
Quel est votre message ?
Charles - L’essence du Mouvement, c’est de fédérer les habitants d’une ville autour d’un discours sur le vivre ensemble, la mixité sociale, la tolérance et la diversité. Il y a beaucoup de raisons de désespérer dans le monde d’aujourd’hui. Nous faisons participer à nos séances photos des passants croisés dans la rue. Et alors qu’ils ne se connaissaient pas quelques minutes auparavant, les voilà en train de coller ensemble leur photos grandeur nature et de discuter. Une rencontre qui n’aurait pas forcément eu lieu parce qu’ils ne sont pas du même milieu social ou du même univers professionnel, que ce soit des cadres salariés, des ouvriers d’usine ou des artistes, etc. Ces binômes photographiés et collés sur les murs ou sur le mobilier urbain des villes représentent l’union et l’espoir, appuyé par la présence récurrente d’un parapluie coloré. Pour illuminer le quotidien, pour apporter aussi un peu de poésie.
Pourquoi la présence systématique d’un parapluie dans vos collages ?
Charles - Dans la ville, les gens se côtoient dans la rue sans se parler. Une forme d’anonymat, de solitude. Le parapluie est le prétexte de la rencontre, notamment à Paris où il pleut de temps en temps. On a voulu détourner cet objet solitaire du quotidien en un abri commun entre deux inconnus. Un trait d’union que l’on a décomposé en 3 scènes : le temps de la rencontre, celui de la discussion et enfin d’une nouvelle amitié. On ne prétend pas faire des chefs d’œuvre dignes des grand maîtres mais quelque chose d’étonnant et dont la surprise permet de marquer les esprits.
Votre projet se limite-t-il à la rue ?
Victoire - On a d’autres projets comme des collaborations avec la ville de Paris, notamment à l’occasion de la Nuit blanche durant laquelle on a pu coller dans les rues nos binômes sous leur parapluie. On travaille aussi beaucoup avec l’association Emmaüs Solidarité avec laquelle on a déjà organisé des ateliers participatifs avec des personnes réfugiées. C’est un moment de rencontre et de partage.
Charles - Il y a également des collaborations avec les musées nationaux, notamment dans la réalisation d’affiches en version street art. Sans oublier des expositions au Louvre, au Grand Palais, avec Paris Habitat ou encore Rêve de cité : on a demandé à des enfants quels étaient leurs rêves et on les a collés en images sur les tours de leurs immeubles.
Victoire - D’autres partenariats européens ou internationaux nous ont permis de voyager et de faire découvrir nos collages et nos messages de vivre ensemble : dans une galerie d’Amsterdam, avec les instituts français à Hong-Kong et au Liban à travers la Folle journée de street art à Beyrouth.