Street artists : ces messagers clandestins
Un brin rebelle et déterminé, Polar Bear, un street artist indépendant, n'hésite pas à braver l'interdit et à coller ses pochoirs clandestinement pour transmettre ses messages. (Clique sur la photo ☝️ pour voir la vidéo)

Le street art, une zone de liberté...
Derrière le portail d’une rue paisible de Neuilly Plaisance, il faut faire plusieurs pas de côté pour découvrir au fond de la cour un petit hangar délabré. Polar Bear, un street artist indépendant, nous reçoit dans son atelier dont les murs haut de plafond sont envahis de ses œuvres. Parmi elles, le pochoir d’une petite « gamine » face à une barre de danse. Il l’a réalisée sur une planche en bois dénichée au hasard, avec l’inscription « Art is life ». Pour l’artiste passionné, « le street art, c’est utiliser ce qui existe, de manière libre, sans demander l’autorisation à qui que ce soit. C’est un mode d’expression sans vraiment de contrainte hormis celles techniques liées au mur, à l’endroit et à l’accessibilité ». Cette zone de liberté est, selon lui, primordiale pour développer sa créativité et transmettre à travers ses pochoirs les messages qui lui tiennent à cœur.
... pour exprimer des messages engagés...
Né dans les années 1960 à New-York pour dénoncer le capitalisme, le street art reste avant tout une manière de protester. A travers ses œuvres, Polar Bear s’est engagé au nom de plusieurs causes. « J’ai trois grands axes : la protection de la nature comme les animaux en voie de disparition, la politique et le social », résume-t-il. Comme lui, de nombreux artistes urbains s’attèlent à réaliser des œuvres qui ont du sens, voire même provocantes : Shepard Fairey avec son globe installé sous la Tour Eiffel lors de la Cop21 pour dénoncer l’inhumanité ; Invader, l’artiste au visage intégralement masqué, avec l’envoi d’une de ses mosaïques dans l’espace face à l’invasion numérique.
... à travers des œuvres parfois poétiques...

Comme le rappelle Polar Bear, un brin nostalgique, il est aussi important « d’apporter un peu de légèreté » dans ce quotidien de contestations. « Je crois avoir gardé un regard d’enfant et je pense que ça ferait du bien à tout le monde qu’on garde un peu cette vision-là des choses », révèle-t-il la voix attendrie. C’est l’esprit poétique qu’il lui arrive souvent de se rendre dans les rues pour coller des pochoirs sur le thème du papillon ou de l’enfance et transmettre ainsi des messages d’espoir et d’insouciance.
... en toute illégalité et clandestinité
L’âme du street art, c’est avant tout celui d’un esprit rebelle qui aime braver l’interdit. Polar Bear se souvient bien du tout premier pochoir qu’il a réalisé un 31 décembre « un peu bourré » et qui lui a donné envie de recommencer. « C’était un plan poitrine d'une gamine avec un flingue et la fumée qui sortait du canon représentait un peace and love. J’étais flippé mais ce moment mixait l'illégalité et le fait de s’exprimer librement. Ca m’a plu », se souvient-il avec le sourire.
Aux yeux de la loi française, le street art est une pratique illégale. Elle peut même être punie d’une amende de 3 750 euros en parallèle du retrait des œuvres affichées. Polar Bear doit donc prendre des précautions. « Comme ça prend pas mal de temps de peindre toutes les couches, je fais ça ici à mon atelier, sur du kraft. Je vais ensuite le coller sur les murs pour que ce soit rapide, histoire d’éviter un peu les emmerdes possibles», révèle-t-il d’un air revanchard. Pour preuve, il nous propose une petite démonstration en direct. Quinze minutes seront nécessaires pour réaliser le dessin d'une petite danseuse d'une vingtaine de centimètres de haut.
Aujourd'hui, le street art est toutefois plus toléré. Certaines mairies autorisent que des artistes affichent leurs œuvres dans des périmètres définis et proposent même des collaborations.
Découvre l'atelier et les œuvres de Polar Bear



